D’ABORD POURQUOI ?

La question « comment » doit être précédée d’un « pourquoi ? » ! On ne se lance dans une procédure d’enregistrement qu’à la condition d’être prêt. Prêt nerveusement, déjà, car il va falloir faire preuve d’une rigueur qui, en soi, est déjà sélective. Et prêt techniquement, puisque le dossier est particulièrement exigeant, qu’il suppose de prendre une distance réflexive sur sa pratique. Il va falloir parvenir à observer votre projet avec d’autres yeux que les vôtres. Il va falloir épouser les vues officielles et vous efforcer de satisfaire leur goût pour l’exactitude, pour l’exhaustivité, pour le respect de consignes parfois pénible. On sait combien l’administration est maîtresse en France, en connaît les excès, mais on ne saurait entreprendre quoi que ce soit d’efficace sans flatter ses manières. En somme, pourquoi faire une demande d’enregistrement au RNCP ? Parce que vous savez ce que cela implique. 

LE COMMENT

Ce dossier, s’il est construit de façon cohérente, saura mettre en avant la plus-value de votre certification. Si tant de demandes ne sont finalement pas enregistrées, c’est que la demande de certification sur le RNCP n’est pas encore tout à fait mature. On portera donc une attention toute particulière aux détails figurant dans le vadémécum publié par France Compétences. Soyez vigilants dans la composition des 4 étapes qui suivent :

Définir le périmètre d’une certification professionnelle 

Il faut se positionner. C’est un large champ que vous prétendez rejoindre et il faut absolument vous y faire une place. Recensez donc les certifications que l’on pourrait comparer à la vôtre et faites le point sur les convergences que vous rencontrez et les différences qui vous singularisent. Par une habile comparaison, vous parviendrez à vous mettre en avant. 

Il vous faut ainsi partir en exploration au sein des certifications existantes sur le site de France Compétences. Veillez aussi à réaliser cette comparaison entre bloc de compétences.

Décrire les activités professionnelles visées par la certification et les compétences qu’elle offre

Il y a des besoins professionnels, économiques, vous les avez identifiés et vous allez le faire savoir ! Décrivez ce métier, détaillez les activités dont il supposera l’exercice, expliquez sa position à l’intérieur de l’écosystème de travail auquel il participe. 

Démontrer l’adéquation aux besoins en compétences par le résultat de l’insertion professionnelle

Quelles insertions professionnelles l’obtention de cette certification a-t-elle permis pour ses titulaires  ? Il faut montrer que le métier visé est atteint, et renseigner le lecteur sur les effets de la certification dans son exercice concret. Ici, l’usage des statistiques est nécessaire, il faudra impérativement en réaliser préalablement. Dans son vadémécum, France Compétences précise : « Il sera tenu compte, pour éclairer ces critères, des différents éléments que pourront apporter les demandeurs, notamment en prenant appui sur les analyses des partenaires sociaux des branches. »

On notera que cette analyse portant sur les promotions passées n’est pas requise pour les premières demandes d’enregistrement portant sur un projet de certification professionnelle relatif à « un métier figurant sur la liste des métiers considérés comme particulièrement en évolution ou en émergence ». 

La procédure VAE prévue par l’organisme

Tous les titres inscrits au RNCP doivent être accessibles par la validation des acquis de l’expérience (VAE). C’est d’ailleurs la seule voie d’accès à votre certification dont il faudra impérativement faire mention. Sur le principe, comme le rappelle le Ministère du Travail, « elle peut permettre d’obtenir, sur décision d’un jury, un diplôme, un titre ou certificat de qualification sans avoir à suivre une formation ». À vous de décider si  les acquis sont en adéquation avec ce qui est requis pour la certification que vous proposez, s’ils ne correspondent pas aux compétences, aptitudes et connaissances exigibles ou si vous attribuerez une validation partielle, c’est-à-dire une partie seulement de la certification. 

Il y a toutefois quelques exceptions qui concernent les professions dites “réglementées”. Il y en a, en France, une grosse centaine, dans les secteurs de la santé, du bâtiment, du sport, etc.

L’ÉTAPE FINALE

Si vous avez su montrer à quels besoins répond votre certification sur le marché du travail par le recueil et la présentation de données chiffrées requises, en vous assurant de répondre à un besoin concert et mesurable, en montrant explicitement les impacts de votre dispositif sur votre public et sur les entreprises, alors vous êtes en très bonne voie !

Depuis 2022, toutes les demandes doivent être déposées en ligne via la plateforme Certifpro. En théorie, 7 mois s’écouleront avant que la décision vous concernant ne soit rendue publique. 

DERNIERS POINTS DE VIGILANCE…

Les attendus de France Compétences ne sont pas de simples conseils. Il en va d’exigences véritables et la Commission de la Certification Professionnelle actualise régulièrement ses critères. Pour exemple, elle se soucie tout particulièrement aujourd’hui de cohérence d’ensemble et traque les plagiats (par la reproduction de contenus de référentiels existants). Autre nouveau point d’attention : la prise en compte des situations de handicap et de l’accessibilité. 

S’il n’est jamais impossible de mener seul une démarche d’enregistrement, il va de soi qu’un accompagnement est tout de même très indiqué. Obtenir un pré-diagnostic de recevabilité du dossier, avoir le soutien d’experts qui s’engageront sans sa co-création minutieuse et méthodique, bénéficier de cadrages pour avancer en toute quiétude, critère par critère, semble être la voie rationnelle pour ne pas figurer parmi ces 70 % de dossiers qui se voient refusés… Attention, en revanche, à ne pas vous adresser à n’importe qui. Une co-construction sérieuse de dossier dure en moyenne de 3 à 4 mois. Il s’agit, en somme, de se méfier des accompagnateurs qui seraient trop peu présents ou trop pressés de vous abandonner. Mais il importe aussi de mener l’ambition à son terme en se fixant des objectifs, de sorte que cette constitution de dossier ne prenne pas la forme désespérante du projet qui n’avance pas et ne voit jamais le jour.