Pourquoi s’intéresser aux blocs de compétences ?
Depuis la réforme de la formation professionnelle de 2018, les certifications professionnelles inscrites au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) doivent être structurées en blocs de compétences. L’enregistrement au RNCP conditionne la reconnaissance officielle d’une certification et son éligibilité aux financements publics. Comprendre la logique des blocs est donc essentiel pour les organismes de formation qui souhaitent rendre leurs parcours éligibles et pour les candidats qui veulent capitaliser des compétences.
Le RNCP et la notion de certification
Le RNCP recense les certifications reconnues par l’État. Chaque certification s’appuie sur un référentiel d’activités décrivant les situations de travail, un référentiel de compétences identifiant les compétences requises et un référentiel d’évaluation définissant les modalités d’évaluation. Les certifications inscrites au RNCP sont distinctes des habilitations du Répertoire spécifique (RS) : seul le RNCP impose des blocs de compétences.
Définir un bloc de compétences
Un bloc de compétences est un ensemble homogène et cohérent de compétences contribuant à l’exercice autonome d’une activité professionnelle et pouvant être évaluées et validées. Trois critères structurent cette définition :
- Homogénéité : un bloc rassemble plusieurs compétences liées à une même activité. Il ne peut être réduit à une seule compétence.
- Cohérence : les compétences du bloc doivent permettre l’exercice autonome d’une partie du métier.
- Évaluation et validation : chaque bloc doit faire l’objet de modalités d’évaluation spécifiques et conduire à un certificat.
Ces principes différencient un bloc de compétences d’un module de formation et justifient son autonomie. Ils permettent d’acquérir les blocs de manière progressive via la formation ou la validation des acquis de l’expérience (VAE).
Construire ses blocs : principes pratiques
Pour élaborer des blocs conformes aux attentes de France Compétences, il convient de :
- Rédiger des compétences contextualisées : utiliser un verbe d’action, préciser l’objet de l’action, la finalité et le contexte (par ex. « Nettoyer les locaux et le matériel de la cuisine afin de les maintenir disponibles en appliquant la réglementation relative à l’hygiène alimentaire »). Les compétences doivent être spécifiques au métier et rédigées selon un formalisme précis.
- Choisir des intitulés pertinents : l’intitulé du bloc doit refléter l’activité visée et rester traçable. Il est déconseillé d’utiliser un nom de métier, afin de ne pas laisser penser que le bloc couvre l’ensemble de la qualification. Des intitulés précis assurent la traçabilité et l’utilisation tout au long de la vie.
- Assurer cohérence et homogénéité : chaque bloc doit rassembler des compétences spécifiques au bloc ; un même contenu ne doit pas être repris dans plusieurs blocs, sauf pour des compétences transversales indispensables. Un découpage trop fin pourrait nuire au lien entre un bloc et l’exercice autonome d’une activité professionnelle.
- Prévoir des modalités d’évaluation adaptées : une évaluation spécifique (mise en situation, étude de cas…) doit être prévue pour chaque bloc. Le certificateur doit délivrer un document attestant l’acquisition du bloc.
Articuler les blocs : parcours et équivalences
L’addition des blocs permet d’obtenir la certification. La validation peut intervenir soit par l’accumulation des blocs via des évaluations spécifiques, soit par des blocs complétés d’une évaluation transversale attestant la capacité à mobiliser plusieurs blocs. Les blocs de compétences constituent donc une voie modulaire vers une certification, permettant aux apprenants de progresser à leur rythme et de valoriser des acquis partiels.
Il est possible de créer des blocs communs à plusieurs certifications. Dans ce cas, une obligation d’équivalence s’impose : les blocs concernés sont juridiquement distincts mais doivent avoir un contenu identique. Un bloc acquis n’a pas de durée de validité ; il est acquis à vie, même si la certification évolue. Le certificateur doit toutefois informer le titulaire des évolutions du métier et de la durée de validité des blocs dans le parcours d’obtention.
Pourquoi adopter cette logique ?
Pour les candidats, les blocs constituent des unités de référence : ils facilitent la réussite, l’insertion professionnelle, l’apprentissage et la mobilité européenne. Ils servent de repères lisibles sur le marché du travail et favorisent la mobilité et la reconversion grâce à des compétences transversales.
Pour les organismes de formation et les entreprises, structurer leurs certifications en blocs représente un défi, mais aussi une opportunité :
- La loi de 2018 impose que chaque certification soit définie par un référentiel d’activités, un référentiel de blocs de compétences et un référentiel d’évaluation. S’y conformer est indispensable pour obtenir l’enregistrement au RNCP et bénéficier des financements publics, notamment le CPF.
- Les blocs améliorent la lisibilité de l’offre et la reconnaissance officielle de la formation. Ils constituent des repères clairs pour les candidats et les financeurs et renforcent la crédibilité de l’organisme.
- La logique modulaire répond aux évolutions rapides des compétences et aux aspirations des salariés, notamment en permettant la capitalisation progressive et la reconnaissance de compétences transversales.
Conclusion
Les blocs de compétences constituent désormais la brique de base des certifications inscrites au RNCP. Conçus comme des ensembles cohérents de compétences autonomes et évaluables, ils offrent aux apprenants une progression modulaire et aux organismes une visibilité renforcée. Toutefois, leur construction requiert rigueur et méthodologie : rédaction de compétences contextualisées, choix d’intitulés appropriés, cohérence des regroupements et modalités d’évaluation adaptées. En maîtrisant ces principes et en anticipant les évolutions du marché du travail, les organismes de formation pourront transformer cette obligation réglementaire en opportunité pour leurs publics et leur propre développement.